Aujourd’hui, l’aquaculture est devenue le moteur de la production de produits de la mer dans le monde. Selon la FAO, elle dépasse depuis quelques années les volumes provenant de la pêche à destination de la consommation humaine, et cette tendance va s’accentuer dans les années à venir.
Aujourd’hui, plus de 90% des stocks de poissons marins sont déjà surexploités ou exploités à leur niveau maximal durable par la pêche mondiale. L'aquaculture a donc un rôle clé à jouer pour nourrir durablement le monde de demain. Certains poissons très prisés pour la consommation humaine sont élevés, ce qui permet de limiter la pression de pêche sur leurs populations sauvages souvent en mauvais état. En revanche, la pression de pêche est reportée sur d’autres espèces : celles qui nourrissent les poissons d’élevage.
En effet, le consommateur européen est très friand d’espèces carnivores comme le saumon, la truite, la crevette, le bar et la dorade. Leur alimentation nécessite donc une haute teneur en protéines et/ou en Omega 3 qui sont apportés par les farines et huiles de poisson. Ces ingrédients marins proviennent de la pêche minotière qui cible des petits poissons fourrages. Il s’agit malheureusement d’une pêche de masse et peu sélective pouvant entraîner de nombreux impacts environnementaux et sociaux.
Conscientes des enjeux, plusieurs entreprises ont souhaité lancer en 2021 une initiative pour la durabilité de l’alimentation aquacole avec l’appui d'Earthworm Foundation.
Ainsi, 10 entreprises françaises sont réunies au sein d’un groupe de travail pré-concurrentiel, coordonné par Earthworm Foundation pour contribuer collectivement à la responsabilisation de l’alimentation des poissons d’élevage entrant dans leurs chaines d’approvisionnement. Ces entreprises travailleront, en premier lieu, sur la filière saumon.
Constat : Aujourd’hui, la production d’alimentation aquacole nécessite d’extraire de l’océan plus de poissons sauvages qu’elle ne permet de produire de poissons d’élevage. Sachant que l’aquaculture est le moteur de la production de produits de la mer, accentuer l’exploitation des stocks de poissons sauvages pour répondre à la demande grandissante en alimentation aquacole, n’est pas soutenable.
Sa mission : Faire basculer le marché français vers une aquaculture utilisant une alimentation dont l’extraction des matières premières est plus responsable.
Son but : Limiter l’impact écologique et social des ingrédients aquacoles, notamment en réduisant l’utilisation de farines et huiles de poissons issues de la pêche minotière, en améliorant la responsabilité des pêcheries, et en s’assurant que le soja ne soit pas issu de la déforestation ni de la conversion.
Sa stratégie : Mettre en place des objectifs collectifs sur la durabilité de l’alimentation aquacole rassemblant plusieurs entreprises liées au secteur aquacole (distributeurs, grossistes, industriels, éleveurs, fournisseurs d’alimentation animale, etc) ; l’opérationnaliser avec la création de filières plus durables et suivre les progrès.
En 2021, le groupe a réalisé un état des lieux sur l’élevage de saumon en Norvège, Ecosse et au Chili, sur la base des éleveurs approvisionnant les membres du groupe de travail. L’enquête s’est axée sur les matières premières utilisées dans l’alimentation aquacole.
En 2022, les participants à l’initiative se sont fixés des objectifs collectifs en faveur d’une alimentation aquacole durable. Ils seront en premier lieu déployés sur le secteur du saumon avec un horizon 2030. La définition des objectifs a été réalisée en consultation avec les acteurs de la filière, notamment les producteurs de saumon et fabricants d’aliment, pour s’assurer de leur faisabilité et des thématiques sur lesquelles renforcer la recherche. Les participants au groupe se donnent l’obligation de mettre en place les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs d’ici à 2030.
Les objectifs seront adaptés par la suite à d’autres espèces (truite, bar, dorade, crevette) avec des temporalités différentes.
Ces objectifs sont déclinés en indicateurs qui seront mesurés à intervalle régulier.
L’initiative est aujourd’hui ouverte à tout type d’entreprise (distributeurs, transformateurs, éleveurs ou fabricants d’aliment) alignés avec ces valeurs, sous condition de partage des objectifs collectifs.
Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations sur cette initiative, vous pouvez contacter les coordinateurs :